Jeunes
1949 – 1954 Ózdi Vasas (HON)
Noyau A
1954 – 1956 Ózdi Vasas
(HON)
1957 – 1959 Eintracht Frankfurt (ALL)
1 août 1959 – 5 août 1965 R. Standard C.L.
1965 – 1968 Eintracht
Frankfurt (ALL)
1968 – 1969 TuS Maccabi Frankfurt (ALL)
1969 – 1973 K.A.A. Gent
1973 – 1974 R.U.S. Tournaisienne
Période Standard c’est
155 matchs pour 58 buts,
Championnat 138
matchs/52 buts
Coupe de Belgique 7
matchs/26 buts
Coupe d’Europe 10
matchs/0 but
Palmarès
Champion de Belgique 1961 et 1963
Champion d’Allemagne(RDA) 1959 avec l’Eintracht Francfort
Il a refusé de jouer pour les équipes nationales allemande et belge, il ne voulait pas retourner dans son pays natal et il n’a pas été autorisé à rejoindre le Milan AC et Barcelone, mais il est resté actif dans le monde du football jusqu’à ses quatre-vingts ans.
À l’âge de 12 ans, István Sztáni rejoint le club de football local où son père était un gardien de but réputé, et bien plus tard également entraîneur et administrateur. « Cependant, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, il a été capturé par les Américains puis par les Russes. Malgré le fait que j’avais à peine 7 ans, je n’oublierai jamais l’image quand il est rentré chez lui. Nous sommes allés le chercher à la gare mais il était à peine reconnaissable, un homme brisé. » Au bout d’un moment, Sztáni Sr. reprend ses activités professionnelles et sociales et rejoins Ózd mais il ne voulait pas que son fils le suive.
« Mon père n’a jamais voulu que je joue au football de toute façon. Il a insisté pour que j’aille à l’université. » Après quelques années, István rejoint quand même la formation d’Ózd pour faire ses débuts en équipe première à l’âge de 17 ans. Et avec plusieurs titres de meilleur buteur sur son compte, il est également appelé en sélection nationale junior.
Lorsqu’il part en tournée internationale avec les Espoirs de la Hongrie, à l’âge de 19 ans, István ne se rend pas compte que cela bouleverserait complètement sa vie. Après son arrivée en Angleterre, la Révolution hongroise éclate dans son pays natal. Initialement commencée comme une manifestation pacifique d’étudiants en soutien aux habitants de la ville polonaise de Poznan, l’atmosphère devient rapidement sombre et les gens se retournent contre le gouvernement avec des slogans anti-russes. Au bout d’une dizaine de jours, les manifestants contraignent le gouvernement pro-russe à la démission, mais ce dernier fait appel à l’aide de l’Union soviétique, qui envahit violemment le pays début novembre et le ramène sous le régime communiste. Des milliers de Hongrois meurent ou sont contraints de quitter leur pays.
La sélection hongroise se rend ensuite en Autriche pour la prochaine étape de leur tournée. Plusieurs joueurs craignent un retour au régime strict, et quittent le groupe pour tenter leur chance dans des clubs en Autriche, en Allemagne et en Suisse. « Croyez-le ou non, je voulais vraiment retourner dans mon pays et ma famille, mais les managers sont venus, ont continué à venir et nous ont tous entourés, et au bout d’un moment, tout le monde avait une équipe sauf moi. Et puis Adolf Patek, le célèbre entraîneur autrichien, qui dirigeait Francfort, s’est presenté. Il a également persuadé deux de mes compagnons de signer un contrat à l’Eintracht Frankfurt. Je me souviens d’être arrivé dans la ville de Bâle le soir du 17 décembre 1956. Je ne connaissais pas l’allemand et je ne connaissais que mes deux compatriotes, dont heureusement l’un parlait parfaitement allemand car cela a facilite l’intégration. »
Son déménagement à Francfort ne lui causa pas de problème car en Allemagne, il est rapidement devenu un phénomène, à la fois en tant qu’« intérieur droit » qu’en tant qu’attaquant. Le sommet a été les deux buts en finale du championnat contre le grand rival des Kickers Offenbach. C’est à ce jour le seul titre de champion de l’Eintracht Frankfurt. Et tandis que les supporters et les coéquipiers exhortent leur président à prolonger le contrat du « roi de Riederwald » (ndlr. du nom du stade de Francfort), celui-ci s’attarde trop longtemps. « Mon contrat d’un an a expiré juste après la finale du championnat. Le président ne voulait pas payer plus au début et quand il le voulait, j’avais signé un pré-contrat avec le Standard. »
Ce contrat avec Roger Petit n’était pas une coïncidence. Le secrétaire général des Rouches disposait alors d’un solide réseau en Allemagne et cherchait à renforcer l’équipe qui remporta son premier championnat en 1958 avec des talents étrangers. Et comme l’entraîneur Géza Kalocsay était de nationalité hongroise, des renforts ont également été recherchés dans son réseau, ce qui a rapidement conduit à Sztáni et à son compatriote Jozsef Tamasik. Les deux joueurs ont finalement été recrutés, mais seul Sztáni a réussi à percer. « A Liège, Roger Petit a montré qu’il me voulait vraiment, et bien sûr c’était un bonus qu’un compatriote soit entraîneur. », a déclaré « Pitcha » comme l’appelaient ses amis.
Mais il y avait un « mais… » La réglementation belge était telle qu’un joueur étranger professionel n’était pas autorisé à jouer pour la première équipe lors d’un match officiel pendant un an. Cela n’a pas empêché Sztáni de signer un contrat avec le Standard, et c’est pourquoi un joueur qui a remporté le titre à Francfort et qui pouvait compter sur l’intérêt de plusieurs clubs, ne joua que des matchs amicaux la première année. Même si c’était contre des équipes telles que Barcelone, l’AC Milan, Francfort et Bologne.
Vers la période de Noël, le manque de matches de compétition ainsi que ses amis ont commencé à lui peser et il a demandé et obtenu la permission de Roger Petit de retourner en Allemagne pour se marier. Et malgré le fait que son retour prévu ait été reporté de quelques mois, il a repris l’entraînement à partir de mai 1960 et a joué quelques autres matches amicaux – et bien sûr marqué – y compris contre le Santos F.C. de Pelé.
Ses performances suscitent l’intérêt de plusieurs club. « L’AC Milan et Barcelone me voulaient là-bas. Les Espagnols ont vu en moi le remplaçant de leur légende Luis Suarez. » L’Association nationale hongroise de football a également continué lui faire de l’œil, le considérant comme le remplaçant ultime de Ferenc Puskas : « Lors du match pour le titre de 1959 avec Francfort, mon père est apparu avec un employé de l’ambassade au stade olympique et a remis un message de mon ancien entraîneur à Ozd, Rudi Illovszky, qui me faisait offre financière très intéressante qui m’aurait permis de ne plus devoir travailler après ma carrière active, mais je ne l’ai pas acceptée. » Quelques années plus tard, Dózsa Újpest fera une tentative similaire avec le même succès.
Et bien qu’il ait acquis les nationalités belge et allemande, il a refusé de jouer pour les équipes nationales respectives. « Je ne pouvais tout simplement pas imaginer jouer contre l’équipe nationale hongroise. »
La saison 1960-1961 avec les Rouches a été un franc succès et ne pouvait pas mieux commencer. Lors de son premier match en championnat avec le Standard, contre Saint-Trond, il marque deux fois. Au total, il marquera dans plus de la moitié des matches, et termine le championnat avec 20 buts en 30 matches. Avec son compagnon Roger Claessen, qui a également inscrit 14 buts, ils offrent le deuxième titre de l’histoire du club aux supporters. Les Rouches disposent alors d’un groupe solide avec, entre autres, Jean Nicolay dans les buts, Karel Mallants, Henri Thellin, Jef Vliers et Lucien Spronk comme ceinture défensive, et avec un milieu de terrain de renommée internationale avec Popeye Piters, Denis Houf, Léon Semmeling et Paul Bonga Bonga. Et on attaque, ils pouvaient compter sur Sztáni, Claessen et Marcel Paeschen. La coopération et la compréhension entre l’expérimenté Sztáni et le jeune poulain Roger Claessen étaient particulièrement fortes.
Ce talent s’est également manifesté la saison suivante (1961-1962). Si le Standard a finalement dû se contenter de la deuxième place en championnat – notamment grâce à un Roger Claessen déchaîné (20 buts) – les Rouches se qualifient pour les demi-finales de la Coupe des Champions. En quarts de finale, les puissants Glasgow Rangers sont mis à l’écart, avec, entre autres, une victoire 4:1 à domicile. En demi-finale, les Rouches affrontent le Real de Madrid, qui peut compter sur Di Stefano, Puskas, Gento et Tejada. Cependant, les Espagnols, alimentés par le compatriote de Sztáni, Ferenc Puskas, sont trop forts pour les Rouches.
István Sztáni a également amené son bon ami Janos Hanek au Standard cette saison-là, mais il n’a pas pu convaincre Roger Petit lors d’un match d’entraînement en 1961 contre Barcelone (0:0). Le Standard avait alors beaucoup de talent offensif avec Léon Semmeling, Roger Claessen, Johnny Crossan et Denis Houf. En plus, seuls deux étrangers étaient autorisés, et avec Sztáni et l’Irlandais Johnny Crossan, les Rouches en avaient déjà deux.
Cependant, la faim des Rouches n’a pas été assouvie, et les joueurs liégeois entament la saison 1962-1963 dans ce qui allait donner leur troisième titre. Cette fois, les troupes du français Gusti Jordan se frayent un chemin vers le sommet avec principalement une performance défensive car si Sztáni devient le meilleur buteur avec seulement 10 buts, les Rouches n’ont encaissé que 21 buts sur une saison entière.
Lors de ses deux dernières saisons (1963-1964 et 1964-1965), le Standard a terminé à deux reprises à la deuxième place. L’équipe est encore rajeunie avec l’arrivée et la percée de Nico Dewalque et Louis Pilot. « Sztáni était sans doute le joueur le plus doué techniquement que Standard ait jamais eu » », a déclaré Dewalque.
L’introverti Sztáni et sa femme retournent en Allemagne après six ans à Liège, et István de nouveau rejoint l’Eintracht Frankfurt. Et alors qu’il songe à terminer sa carrière chez les amateurs du Maccabi Francfort, il est contacté par la Gantoise, où il sera finalement actif pendant encore quatre saisons, à la fin en tant que joueur-entraîneur. Cette combinaison l’a également amené à Tournai en 1973-1974, où il a conclu sa carrière active avec la RUS Tournaisienne, avec qui il remporte la promotion au niveau national.
L’ex-légende du Standard James Storme a croisé la route d’István Sztáni au début de sa carrière à Gand. « L’arrivée de Sztáni était un cadeau pour nous à Gand. », dit James. « En plus de son bagage technique évident, il avait aussi beaucoup de charisme. Il a mis son expérience de Francfort et du Standard à la disposition de notre jeune groupe et nous a parlé et guidé beaucoup. »
S’ensuit une longue liste de clubs où il devient entraîneur (Schweinfurt (1974-1975), VfB Stuttgart (1975-1976), FK Pirmasens (1976-1977), Bayern Hof (1977-1978), Arminia Hannover (1979), Würzburger F.V. (1980).
(c) Marc Coudijzer – décembre 2021