samedi 1 mars 2014

Jean NICOLAY

Jean Nicolay est un ancien footballeur belge né le 27 décembre 1937 et décédé le 18 août 2014 à l'âge de 76 ans
« Jean était un vrai guerrier.  Pour moi, il est le plus grand gardien belge de tous les temps. »

– Christian Piot, gardien légendaire du Standard Liège


Jean Nicolay est le troisième de la fratrie à jouer au Standard de Liège, après ses frères l'attaquant Adolphe et le gardien Toussaint.

Il débute dans les cages du Standard, en championnat de Belgique, contre le Daring club de Bruxelles, le 18 avril 1954, alors âgé de 16 ans. Mais, ce n'est qu'en 1958 qu’il s’impose comme titulaire du poste, après avoir remplacé son frère Toussaint lors d’un match de Coupe d'Europe des Clubs Champions face aux écossais, Heart of Midlothian. Il porte les couleurs des Rouches durant 333 rencontres officielles, dont 279 matches de championnat, 18 en coupe de Belgique et 36 de coupe d'Europe. Il remporte quatre fois le titre, en 1958, 1961, 1963 et 1969. Il est Soulier d'or belge en 1963.

Il devient International le 24 mai 1959 lors d'un match amical au Heysel, contre l'Autriche perdu 2-0. Cela ne l'empêche pas de jouer 39 matches avec les Diables Rouges, jusqu'en 1969, année de la révélation du jeune Christian Piot.

Jean Nicolay part cette même année au Daring Club de Bruxelles, avant de revenir dans sa province de Liège, au Royal Tilleur FC, pour la saison 1971-1972.

Il mène plus tard une carrière de technicien du football. Il devient entraîneur des gardiens à Winterslag en 1981, sur la demande d'Henri Depireux. Puis il va au Standard de Liège, FC Metz, FC Malines, RFC Sérésien. Il travaille également pour l’équipe de Suisse puis de Belgique, avant de revenir une nouvelle fois au Standard. Il a participé entre autres à la préparation de Vedran Runje à partir de 1998.

Il dirige l'école des gardiens du Standard depuis 2008.

Carrière :

Parcours junior
1953-1956: Belgique Standard de Liège

Parcours professionnel:

1956-1969: Belgique Standard de Liège 333 matchs (0 but)
1969-1971: Belgique DC Bruxelles
1971-1973: Belgique Royal Tilleur FC

Sélections en équipe nationale

1959-1969: Belgique 39 matchs (0 but)

Palmarès : 

Champion avec le Standard de Liège : 1958, 1961, 1963, 1969
Vice-champion 1962, 1965
Coupe de Belgique : 1966 et 1967
International belge : 39 sélections entre 1959 et 1967
Soulier d'or 1963.
Meilleur gardien du tournoi de Cadix


Au moment où le Standard retrouve en Arnaud Bodart un gardien formé au club capable de s’installer durablement entre les perches, cette éclosion rappelle le temps béni où le club liégeois ne devait pas placer un dernier rempart sur la liste des priorités en matière de recrutement. Quand les aléas d’une carrière nécessitaient l’émergence d’un successeur, la solution était naturellement trouvée. Cette lignée a duré du début des années 50 jusqu’à la fin des années 90 au siècle dernier: Toussaint Nicolaÿ, son frère Jean NicolaÿChristian PiotMichel Preud’homme et Gilbert Bodart étaient tous des gars du coin avant de devenir tour à tour le gardien du temple de Sclessin.

Indirectement, le lien est établi avec Arnaud Bodart… et pas seulement parce qu’il est le neveu de Gilbert : « J’ai fait mes tests au Standard à la fin de la saison quand j’avais sept ans », se rappelle l’actuel international Espoirs. « Si je me souviens bien, c’est Jean Nicolay qui était venu aux renseignements auprès de mon père… »

Jean Nicolay. Si l’impact d’un joueur sur l’histoire d’un club se mesure aux détails, cette réalité est palpable en bord de Meuse. Au sein de l’Académie, la section des gardiens s’appelle « l’Ecole Jean Nicolay » et un des trente loges situées dans la tribune 1 de Sclessin porte le nom de l’ancien rempart (en compagnie notamment de Christian Piot et Michel Preud’homme).

« J’aurais tué père et mère pour être titulaire au Standard », avait-il coutume de dire quand il jetait un regard rétrospectif sur sa carrière. «J’étais fou du Standard, aucun sacrifice ne m’aurait découragé pour mériter ma place. Si le football a cimenté ma famille, il l’a aussi divisée…»

Les Nicolay au Standard
Le côté unificateur a été la présence d’un Nicolay au Standard de manière ininterrompue du début des années 40 (avec son autre frère Adolpheà 1969, année du départ de Jean au Daring Molenbeek. « En 1951, j’avais treize ans, j’ai signé ma première affiliation », rappelait-il quelques années avant sa disparition le 18 août 2014. « A cette époque, on ne pouvait pas le faire plus tôt. Jusque l’âge de 15 ans j’ai évolué comme… attaquant. Techniquement ça allait mais je n’avais pas de course alors j’ai changé de boulot. Être gardien m’attirait car je souhaitais un poste individuel où je pouvais me gérer. »

Deux ans plus tard, Jean Nicolay pouvait faire ses premières armes dans le noyau A (1er match de championnat à Waterschei, le 18 décembre 1955) avant de devenir définitivement en 1957 la doublure de son frère Toussaint, préfigurant le côté sombre de cette situation. Alors que Toussaint avait connu les premières heures de gloire du Standard (la première Coupe de Belgique en 1954, le premier titre de champion de Belgique en 1958) et avait gardé les filets lors du premier match en Coupe d’Europe contre Heart of Midlothian, l’entraîneur hongrois Géza Kalocsay (qui avait succédé au Français André Riou) provoquait un drame familial en changeant de titulaire pour le match retour à Edimbourg. Le jeune Jean eu vent de cette décision lors d’une promenade avec plusieurs équipiers dans la cité écossaise 24 heures avant la rencontre. « J’ai entendu les anciens en parler, parlant d’injustice te de scandale. Je n’étais au courant de rien. Moi-même, je trouvais logique de Toussaint joue ce match-retour. Kalocsay estimait que j’étais plus puissant que mon frère et pourtant j’ai été bousculé pendant 90 minutes là-bas ! »

Plus dur et moins diplomate que son prédécesseur, le coach hongrois n’était pas là pour tenir compte des états d’âme de chacun, alors que la volonté des instances dirigeantes de Sclessin était de préparer une nouvelle génération aux réalités du foot européen, que le Standard voulait côtoyer de manière régulière. Toussaint Nicolay a été une des victimes collatérales. « Le coach aurait pu préparer la succession de manière diplomatique. Je tenais ma chance mais je n’avais pas pris la mesure de la douleur et du désarroi de mon frère. Je l’aimais, je l’admirais. Si j’avais eu sa détente, j’aurais été le meilleur gardien du monde..  mais le football a été plus fort.  »

Si la famille Nicolay s’est divisée entre les pro-Toussaint et les pro-Jean (avant une réconciliation en promesse à leur maman plusieurs années plus tard), cette brouille n’a pas empêché Jean de participer à la création du mythe Standard avec ses épopées européennes (comme cette élimination en quarts de finale de la C1 en 1959 au parc des Princes face à Reims devant 6000 supporters liégeois malgré un penalty arrêté) et ses quatres nationaux (champion en 1958 (en tant que doublure), 1961, 1963 et 1969, vainqueur de la Coupe en 1966 sans disputer la finale et 1967). Des années habillé en noir comme le grand Lev Yachine et passés sur le terrain à martyriser son corps alors que la science médicale était loin d’être aussi pointue que maintenant.

« J’habitais à Bressoux et au début de ma carrière je devais prendre deux trams pour rallier le stade », narrait-il alors que plus tard il roulait en vélo pour rallier Sclessin. « Nous nous entraînions dans la fumée de la sidérurgie wallonne. Le brouillard était souvent compact et l’éclairage, approximatif. Les ballons étaient enduits de deux couches de peinture pour qu’on les aperçoive mieux. Je les prenais fréquemment en pleine poire car je ne les voyais pas arriver. Cela durcissait le caractère. Kalocsay nous a inculqué la discipline et la rigueur. J’avais à peine 17 ans. Le Hongrois me prenait à part pour me dispenser des entraînements spécifiques. Il m’a appris à sortir pour réduire les angles. Je sortais en banane, pour faire écran. J’effectuais des centaines de plongeons dans ses pieds, tête en avant. Mon pantalon collait à ma fesse et à ma cuisse. Mes membres brûlaient. Le lendemain, l’entraîneur me guettait. Quand je lui disais que ma jambe brûlait, il m’annonçait qu’on allait exercer l’autre jambe. À l’époque, je relevais tous les défis. J’étais fou, mais j’aimais cela. Pour qu’on parle de soi, il faut s’en donner la peine. »

Tout s’est enchaîné pour Jean Nicolay durant la première moitié des « Golden Sixties » : titres de championSoulier d’Or 1963 et le mariage quelques mois plus tard. Le trophée décerné par le journal néerlandophone « Het Laatste Nieuws » avait une signification particulière. « Le premier pour un gardien de but et le premier pour un joueur wallon, ce qui n’était pas une mince affaire à l’époque », avait-il coutume de dire.

Equipe nationale
Evidemment, son parcours ne pouvait pas s’envisager sans la case Diables rouges où il a vécu notamment la concurrence avec un autre Liégeois Guy Delhasse. La première de ses 39 caps, il l’a obtenue le 24 mai 1959 lors d’un match amical au Heysel, contre l’Autriche perdu 2-0. « Pour me mettre à l’aise, Denis Houf avait demandé à jouer comme libéro… »

Durant ce parcours tricolore (malgré les réticences du secrétaire général Roger Petit à libérer ses internationaux en réponse à « l’anderlechtisation » du football belge), Jean Nicolay a vécu une expérience restée unique dans le football belge jusqu’à la participation des Diables au Mondial 2014 : fouler la pelouse mythique du Maracan à Rio de Janeiro. En fait, il a eu a eu l’honneur de disputer les deux matches amicaux face à la Seleçao, alors double championne du monde. Le retour au Brésil deux ans après « l’aller » à Bruxelles l’a évidemment marqué. « Jouer un match dans un stade aussi gigantesque c’était incroyable », nous avait-il confié peu de temps avant son décès.

Même s’il avait pris cinq buts le 2 juin 1965, Jean Nicolay gardait un souvenir indélébile de cette rencontre. « Malgré cette défaite, la presse brésilienne avait écrit que j’avais été un des meilleurs joueurs de cette rencontre. On me citait dans la foulée de Pelé, Garrincha et Orlando. Un Belge, installé au Brésil, m’a fait parvenir des coupures de journaux de là-bas. On me voit sur plusieurs photos qui illustrent des actions brésiliennes et ils parlent de moi comme d’un seigneur du football européen. »

Aucune phase particulière durant le match n’avait imprégné sa mémoire. « Tout simplement parce qu’il y en eu tellement au cours de la rencontre ! », rigolait-il. « Les supporters au Maracana étaient surexcités après la défaite à Bruxelles sans Pelé et Garrincha. Après avoir tenu une mi-temps, nous avions craqué. Nous étions très fatigués pour disputer cette rencontre programmée en fin de saison. Nous étions restés une semaine là-bas en passant le plus clair de notre temps sur la plage de Copacabana, en dehors d’une l’une ou l’autre visite au centre de Rio. Quelques-uns avaient même pris du poids à l’occasion. Le sélectionneur de l’époque, Constant Vanden Stock, avait juste  prévu un entraînement au stade de Fluminense. »

Pour Jean Nicolay, ce match ne fut pas l’unique fois où il a pu croiser la route du « Roi » Pelé. « Ce jour-là, je n’ai pas pu échanger ma vareuse avec lui. Il l’a donnée à un autre Diable. Cette chance m’a été donnée plus tard quand le Standard a affronté Santos en match de gala. Au total, je l’ai rencontré cinq fois et, à chaque confrontation, il me donnait une tape amicale dans le dos, tout comme Garrincha. »

Le match au Brésil était aussi un moment spécial de la carrière de Jean Nicolay. « Je n’étais pas le seul Liégeois à avoir fait le déplacement. Il y avait aussi Semmeling, les frères Sulon, Yves Baré. Et moi, j’ai porté le brassard de capitaine qui revenait normalement à Pierre Hanon. C’était un geste pour ma 35e sélection face au grand Brésil. »

La première année du triplé de l’ère René Hauss s’est avérée être la dernière de Jean Nicolay à Sclessin. En 68-69, Christian Piot fait plus que pointer le bout des gants. S’il a gagné définitivement, la bataille pour être numéro 2 au détriment de Daniel Mathy (qui s’est « tué » sportivement lors d’un derby perdu 4-3 au RFC Liège), le jeune Ougréen finit par profiter d’une relation moins chaleureuse entre son maître Nicolay et Hauss. « J’avais dit que je partirai le jour où, las d’écouter mes conseil, Christian m’enverrait directement à la gare. Lors d’un entraînement, il m’a dit que je le faisais ch…  L’heure avait sonné et je suis parti au Daring, seuls Christian Piot et Jean-Paul Colonval avaient été mis dans la confidence. J’ai averti Roger Petit un jour où nous étions à Bruxelles pour une réception. Je ne reprenais pas le car avec l’équipe puisque j’allais signer mon contrat…»

Le transfert s’est conclu pour un peu plus de 2 millions de FB (50.000 Euros) et, victime de problème au genou, Jean Nicolay a fermé le chapitre bruxellois deux ans plus tard avant une dernière pige à Tilleur.

La comparaison entre les époques est toujours délicate mais ceux qui l’ont côtoyé n’hésite pas à parler du meilleur gardien belge de tous les temps…. En parfaite connaissance des nombreux autres passés par les cages de l’équipe nationale par la suite (à moins qu’un Thibaut Courtois ne mette tout le monde d’accord). « Jean Nicolay a réellement révolutionné l’art de se préparer », rappelait Jean-Paul Colonval en hommage à son ancien coéquipier disparu. « Il le faisait spécifiquement, ce qui n’existait pas à l’époque. Puis il nous lançait des défis, à moi, à Roger Claessen ou aux autres attaquants. Et je vous prie de croire que s’il avait décidé que nous ne marquerions pas à l’entraînement, et bien… nous ne marquions pas! »

« Jean était un guerrier et m’a transmis cet aspect-là de sa personnalité », a résumé Christian Piot. « Pour moi, il est le plus grand gardien belge de tous les temps. »

La passion du métier de gardien lui est restée chevillée au corps. Jean Nicolay a replongé dans le monde professionnel au début des années 80. Après avoir été appelé par Henri Depireux à Winterslag, où il a contribué à façonner Jacky Matthijssen, il est également passé par Malines (avec Michel Preud’homme), à Metz (Bernard Lama) ou encore Seraing (avec Ranko Stojic). Il a aussi connu l’équipe nationale suisse et les Diables rouges avant de revenir au Standard en 1998 à la demande Lucien D’Onofrio, devenant coach des gardiens en compagnie de son fils Jean et prenant Vedran Runje sous son aile.

A la tête de l’école de formation des gardiens rouches jusqu’à son décès, il a toujours eu un leitmotiv pour les jeunes pousses. « Il y a tout ici. Profitez-en au maximum. Tirez le meilleur de la formation que l’on vous offre en restant bien au chaud dans ce nid douillet. Il sera toujours temps, quand vous aurez terminé votre formation, quand vous aurez atteint votre sommet, vous envoler vers d’autres cieux

(c) Philippe Gerday – Novembre 2020


1964/65





























































Gerd Müller-Jean Nicolay



03/04/1966 Standard - St Trond 1-1 























Nicolay devant Koens (buteur de St Trond avec Semmeling (buteur aussi) et Beurlet 

11/02/1968 Saint Trond - Standard 3-2 






















Jean Nicolay ne pouvant capter le penalty tiré par Vanderloop offrant ainsi la victoire aux canaris 























Champion1961























3 générations de gardiens de but du Standard à gauche Michel Preud'homme et son épouse à droite Jean Nicolay dans le fond Christian Piot et son fils























Piot -Nicolay





















































Journée portes ouvertes 2011 : Jean Nicolay-Christian Piot-André "popeye" Piters






















Jean Nicolay :" Mon palmarès, c’est ma richesse. C’est un bien précieux que je ne voudrais jamais monnayer. Certains joueurs, aujourd’hui, gagnent énormément d’argent, mais n’ont pas de palmarès. Je ne les envie pas…"

































Jean Nicolay - Dominique Donofrio





































Quelques témoignages au lendemain de son décès, par Michel Dubois
Article du 19/08/2014
Jean Nicolay avait une longueur d’avance sur les autres gardiens

Copain d’épopée resté son grand ami, Léon Semmeling retrace Jean Nicolay
"Son cancer du poumon ne date pas d’hier. Fidèle à lui-même, Jean a lutté jusqu’au bout pour le combattre. Il a connu des périodes de rémission. Quand il rechutait, il recommençait la chimio avec un courage inouï. Il a retardé l’échéance au maximum. Il a, hélas! perdu son tout dernier match."

C’est ce que Léon Semmeling, son compagnon d’épopée des années soixante demeuré son ami, a expliqué à Paul Bonga Bonga, qui lui téléphonait pour prendre des nouvelles de Nicolay, comme pour illustrer cette fraternité rouche si intense à l’époque. "Jean et moi étions restés des amis. Nous nous appelions régulièrement. Si l’on excepte cette saison, Nicolay était, lui aussi, un habitué des matches à Sclessin."

P’tit Léon a alors exhumé de ses archives la photo, dont il ne se séparera jamais, d’une équipe du Standard de l’époque. "J’ai noté que, sur les onze joueurs alignés ce jour-là, sept ne sont plus là. Jef Vliers, Michel Delire, Henri Thellin, Roger Claessen, Denis Houf, Marcel Paeschen et, aujourd’hui, Jean Nicolay nous ont quittés. Maurice Bolsée, Paul Bonga Bonga, Istvan Sztany et moi sommes les seuls rescapés."

L’ailier droit du grand Standard du début des années soixante, celui qui disputait d’épiques rencontres en Coupes d’Europe, rend hommage à son ami : "Jean était un homme entier. Il révélait un caractère bien trempé. C’est ce caractère qui lui a permis de réaliser autant de prouesses tout au long de la carrière qui fut la sienne. Le voir s’entraîner dans des conditions qui n’étaient pas celles d’aujourd’hui suscitait l’admiration. Jean témoignait d’une audace incroyable dans ses prises de risque. Cette audace, également, reflétait son caractère. Elle le différenciait des autres gardiens. La majorité d’entre eux restait sur leur ligne. Jean présentait l’avantage de savoir anticiper. Il jouait assez haut. C’est cette faculté qui lui a permis de prendre la place de son frère Toussaint dans les buts du Standard."

Gagneur invétéré, Jean Nicolay accusait les défauts de ses qualités : "Son caractère ne le prédisposait pas à être un bon perdant. Il avait son franc-parler. Quand il avait quelque chose à dire, il l’exprimait, sans nuance. On le respectait car on avait confiance en ses qualités de gardien de but."

Jean Nicolay a officié un certain temps comme entraîneur des gardiens. L’Académie y a retenu son nom. Même si son éviction l’avait rendu amer, il y avait, là aussi, forcé l’admiration : "Jean souffrait atrocement d’un genou. Il me l’avait exhibé. Je me suis toujours demandé comment, dans l’état dans lequel il se trouvait, il pouvait faire ce qu’il faisait. Il devait être vraiment très fort."

Si, à l’inverse de Roger Claessen, son effigie ne trouvera pas place au fronton du stade de Sclessin, Jean Nicolay mériterait que le Standard ne l’oublie pas. "Il est, lui aussi, un monument. Il fut un peu à la base de la grande époque du Standard. Il est un des pionniers émérites du grand Standard."

Christian Piot :"Mon idole puis mon maître"

Christian Piot, son successeur, rend un vibrant hommage à son aîné

Si la maxime qui prétend que qui se ressemble s’assemble s’assimilait à une parole d’évangile, Jean Nicolay et Christian Piot n’auraient certainement jamais pu vivre en harmonie comme ils l’ont fait au Standard quand le premier cité a pris le second sous sa coupe.

Dans la vie courante, les deux hommes ne se seraient peut-être pas spontanément liés d’amitié tant leurs caractères - l’aîné soupe au lait , le second beaucoup plus placide - s’opposaient.

"Jean Nicolay était l’archétype du vrai Liégeois" , le dépeint son successeur dans les buts du Standard. " Sociable et agréable à vivre en général, il avait aussi la tête près du bonnet. Il valait mieux ne pas se frotter à lui quand il était en colère! Ses coups de gueule, ses prises de tête étaient fréquentes. Elles n’effrayaient ou ne choquaient que ceux qui ne le connaissaient pas vraiment. Car Jean se calmait aussi vite qu’il était monté dans les tours. Personnellement, je lui pardonnais volontiers ses brefs emportements car j’estimais que la carrière qu’il menait rendait légitimes ses haussements de ton."

Dix ans séparent les deux gardiens. Christian Piot voue un immense respect sportif à son aîné. "Jean était mon idole avant de devenir mon maître. Il était une légende vivante. Son décès l’érige en légende tout court. À l’époque de ma prime enfance, les enfants jouaient encore au foot dans les rues. Gamin d’Ougrée, je ne faisais pas exception à la règle. J’étais, déjà, gardien de but. Je me faisais appeler Nicolay…"

Quand Christian Piot intégra le noyau de première du Standard, son aîné le prit, naturellement, sous son aile : "J’ai très vite pu mesurer la chance qui m’était donnée de travailler avec lui. Jean Nicolay m’a tout appris. Je l’ai d’abord regardé. J’ai observé son placement. Il m’a ensuite beaucoup conseillé. Il m’impressionnait, aussi. Lorsqu’il s’installait dans son but, il oubliait la peur. Il n’avait jamais froid aux yeux. Casse-cou authentique, il était un des seuls gardiens que je connaissais à oser sortir tête en avant sans se protéger. Son audace dans ses jaillissements le rendaient exceptionnel. Il s’imposait aussi comme le patron naturel de sa défense. Quand il criait, ses défenseurs savaient qu’ils avaient tout intérêt à obtempérer à ses injonctions."

Au fil du temps, l’écart entre l’aîné et son dauphin s’est réduit inexorablement au point qu’une concurrence s’est instaurée entre les deux derniers remparts du Standard : "Je me souviens du jour où Jean m’a lancé une remarque, en wallon. Cette fois-là, je lui ai répondu. A-t-il pris ombrage de ma réplique ? Il a ensuite grommelé : Je ne te dis plus rien : tu es prêt…"

Joseph Jurion : "Le meilleur avec qui j'ai joué!"

L’Anderlechtois Joseph Jurion fut souvent son capitaine en équipe nationale

Est-il exagéré de prétendre que, dans les années soixante, il suffisait d’un rien - d’un mot d’un acteur mal choisi parfois - pour que la rivalité entre les deux clubs pères du professionnalisme belge, Anderlecht et le Standard, s’exacerbât ?

Non, bien sûr.

Le témoignage de Joseph Jurion, capitaine du Sporting bruxellois mais aussi de l’équipe nationale quand Jean Nicolay en défendait les buts, l’atteste : "Je ne sais pas si, en championnat, on pouvait trouver un adversaire plus farouchement anti-anderlechtois que le gardien du Standard. Jean était un vrai rouche de cœur. Il était aussi la passion incarnée. Quand les deux clubs s’affrontaient, il n’existait pas de joueur plus résolu à notre perte que Nicolay. Au point que, sur le terrain, il pouvait se rendre coupable d’un mauvais geste. Je me souviens notamment du choc qui l’avait opposé à Gaston Dewael, notre avant-centre, et dont il était l’unique responsable."

Cette… répulsion à l’égard d’Anderlecht - qu’au terme de sa carrière Jean Nicolay n’a jamais niée - n’empêchait pas les Rouches et les Mauves d’enterrer - à fleur de sol toutefois - la hache de guerre quand ils se retrouvaient en équipe nationale. "Là, Jean se métamorphosait", sourit Jef Jurion. " Il devenait la gentillesse incarnée. Je ne prétends pas que nous étions des amis. C’était impossible : il était... Standardman ! À notre époque, nous faisions régulièrement tables à part : les Anderlechtois tapaient le carton d’un côte, les Standardmen jouaient aux cartes du leur. Lors des mises au vert, nos échanges verbaux étaient assez limités, mais la cohabitation entre nous était acceptable. Elle l’était d’autant plus que, sur le terrain, Nicolay sortait fréquemment des prestations du feu de Dieu. C’est bien simple : je l’ai toujours considéré comme le meilleur gardien avec qui j’ai évolué en équipe nationale. Je ne lui rends pas hommage aujourd’hui parce qu’il est de tradition de louer celui qui vient de nous quitter : je le proclame parce que j’ai toujours pensé que Jean était le meilleur de tous."

Joseph Jurion a disputé 64 matches officiels avec les Diables Rouges.

Paul Van Himst: "Le jour où je l'ai fait râler"

Les nombreux face-à-face qui ont opposé, dans notre championnat, le Liégeois Jean Nicolay à l’Anderlechtois Paul Van Himst n’ont jamais affecté les bonnes relations que ces deux grands footballeurs avaient nouées dans les vestiaires de notre équipe nationale. "Je le rencontrais de temps à autre, quand mes petits-fils allaient affronter le Standard", révèle Paul Van Himst. "La dernière fois que je l’ai vu, il m’a avoué qu’il était malade. Son décès m’attriste, mais il ne m’a pas particulièrement étonné."

Les performances répétées du gardien du Standard tant avec son club qu’en équipe nationale n’ont jamais laissé les Anderlechtois indifférents : "Un moment, j’ai même considéré Nicolay comme un des tout meilleurs gardiens d’Europe. Ses sorties, surtout, étaient impressionnantes. Elles étaient dangereuses mais calculées. Il savait ce qu’il faisait car il lisait toujours très bien la trajectoire du ballon."

Même s’il apparaissait en infériorité linguistique en équipe nationale, Jean Nicolay-le-pur-Wallon n’a jamais pu se sentir victime d’un ostracisme de la part de ses équipiers, en majorité néerlandophones : "Il n’y a jamais eu de problème de cette nature. Jurion, Hanon, moi-même et d’autres encore parlions également français. Jean était un garçon vivant, sympa. Et puis… nous étions très heureux de pouvoir nous appuyer sur un gardien de cette valeur."


Combien de fois, en championnat, Paul Van Himst a-t-il trompé Jean Nicolay ? "Je l’ignore. Je me rappelle seulement lui avoir inscrit deux buts en un seul match, lors d’un Anderlecht - Standard, que le Sporting avait largement remporté. Je l’avais notamment mystifié d’un coup franc de l’extérieur du pied. Cette fois-là, j’ai pris plaisir à l’entendre râler…"

Le dernier adieu à Jean Nicolay


























Paul Bonga Bonga























Georges Heylens-Henri Depireux





















Etienne Delangre-Christian Piot





















Etienne Delangre - ?





















Georges Heylens





















Jacky Beurlet

































Wilfried Van Moer





















Georges Heylens-?-Henri Depireux





















Christian Piot













Henri Depireux


 Helmut Graf





































































1969 - Jean Nicolay (Daring) et le bourgmestre Edmond Machtens.



























Saison1961-62
























Debouts de g à d : Jef Vliers,  Maurice Bolzée,  Lucien Spronck,  Paul Bonga-Bonga,  Jean Nicolay,  Henri Thellin.
Accroupis de g à d : Léon Semmeling,  Istvan Sztani,  Roger Claessen, Denis Houf,  Marcel Paeschen.

Jean Nicolay - Frans Dignef



René Hauss-Jean Nicolay






















02-02-1964 Standard - Antwerp 6-1 

























Jean Nicolay recevant son soulier d'or 1963 remis par le rédacteur en chef des sports de Het Laatste Nieuws Jan Punlix, derrière de g à d Werner Deprez et Vicki Mees

Roger Petit-Jean Nicolay



Jean Nicolay - Christian Piot































Jean Nicolay-André Paty (kiné)



































31-03-2009 Jean Nicolay-Léon Semmeling





















20-03-1968


La défense Thissen-Nicolay-Jeck-Beurlet qui joua le test match Milan AC-Standard 2-0











































1980 Jean Nicolay - Michel Preud'homme

































3 souliers d'Or Jean Nicolay, Michel Preud'homme, Christian Piot
































03/1981





























28/05/1967 finale Coupe de Belgique Standard - FC Malines 3-1 (a.p.)
































07/02/1962 Standard - Glasgow Rangers 4-1 
Quelques heures avant le match Jean Nicolay, Roger Claessen




























On a surnommé Roger Claessen le "James Dean" de Sclessin. D’un caractère fantasque, le centre avant des Rouches et l’équipe nationale a parfois eu quelques difficultés avec ces coéquipiers. Jean Nicolay lui a dit : "Si tu mets ces trois balles dans le but des Rangers, je te pardonne tout."
Roger est pardonné.


28/05/1967 finale Coupe de Belgique Standard - FC Malines 3-1 (a.p.)




















Jean Nicolay, Michel Pavic, Paul Van Den Bergh, derrière assis Nico Dewalque et Velco Naumovic en attente des prolongations

1967
































Roger Petit, Jean Nicolay