mardi 3 novembre 2020

Maurice GILLIS

Maurice Gillis est un ancien footballeur belge né le 6 novembre 1897 à Liège et décédé à Liège le 22 mars 1980.

Maurice Gillis 1923



















"Maurice Gillis m’a appris les ficelles du métier. En tant que l’une des premières stars du club, il a pris la jeune équipe en mains et a veillé à ce que de nombreux coéquipiers puissent se construire une belle carrière. " 

Jean Capelle, meilleur buteur de l’histoire du Standard Liège


Il a été l'attaquant vedette du Standard de Liège entre 1917 et 1935, pour lequel il a marqué 135 buts pour un total de 275 matches en championnat,

Avec le Standard il a  été deux fois vice-champion de Belgique en 1926 et 1928.

Pour l’équipe nationale de Belgique, il joue 23 matches dont 1 match aux Jeux olympiques de 1924 et marqué 8 buts

Carrière :

Equipe jeune :

1912 - 1917 Standard de Liège

Equipe A : 

1917 - 1935 Standard de Liège (275 matchs, 135 buts)

Internationale Belge : 

1922 - 1928(23 matchs, 8 buts), première sélection le le 7 mai 1922 Belgique - Hollande 1-2

Participe aux jeux olympiques France 1924, joue 1 match


Palmarès :

Vice champion de Belgique avec le Standard de Liège : (1926, 1928)


Biographie :

Lorsque Maurice Gillis rejoint l’équipe première à l’âge de 19 ans, la Belgique est au milieu de la Première Guerre Mondiale. Une grande partie de l’équipe du Standard avait déjà quitté le club à ce moment pour renforcer la ligne de front. Des piliers comme Paul Bouttiau, Maurice Grignard, Edmond ‘t Kint de Roodenbeke et Marcel Deltour, qui avaient mis le club sur les rails en première division, ont laissé leur vie au front à un trop jeune âge.

C’est dans ce contexte-là que le jeune Maurice grandit à Liège et, à l’âge de 14 ans, s’inscrit dans le club liégeois.  “Enfant de Coronmeuse, j’étais élève de l’Institut Saint-Bartélemy. Mes voisins de banc étaient Jean Dupont et Jacques Pirlot. C’est à peine croyable, mais c’est comme ça. Quelques années plus tard nous allions tous les trois nous retrouver en équipe première au StandardChez moi on ne voulait pas entendre parler de football. Des tournois interécoles étaient organisés et j’y participais en cachette. Un jour, je rentrai blessé. Ce fut le drame. Pendant quelque temps, j’ai du freiner mes activités footballistiques. Je les repris dans une équipe de copains à Coronmeuse. Ma réputation de bon joueur fut vite établie. J’étais également affilié au Standard, où je n’avais jamais joué. J’étais d’accord de revenir à condition de pouvoir jouer le dimanche matin, ce qui n’était pas possible. Je restais sur mes positions, et à la fin le Comité Provincial m’a suspendu à vie.”

Entretemps, le Standard était devenu très populaire après son ascension en D1 en 1909. Effectivement, malgré la violence de la guerre et les conditions difficiles, les supporters continuent à descendre en masse sur Sclessin, même pendant la guerre. Après tout, les gens ont besoin de se changer les idées. Ce fut également le cas pour Maurice. “A un moment j’ai assisté à un match du Standard au terrain de la Citadelle. Ce jour-là l’émotion me gagna. J’ai compris que mon coeur était rouge et blanc. Je me suis présenté à Sclessin et le club m’a rapidement requalifié.” Il continua pendant cette période à parcourir toutes les catégories d’âge pour finalement disputer, trois ans plus tard, son premier match, en mai 1917, lors du tournoi annuel de Pentecôte, contre le Royal Antwerp F.C..

Dans la Belgique occupée, on ne jouait d’ailleurs que des matches d’entraînement, car l’U.R.B.S.F.A. avait arrêté le championnat national pour des raisons évidentes. La conséquence fut que le Standard a joué ses matches dans le championnat provincial de Liège, tout comme il a organisé plusieurs matches au profit des victimes de la guerre et de leurs familles. La solidarité est donc l’une des valeurs fondamentales du club depuis le tout début.

C’est sous Camille Van Hoorden que Maurice Gillis effectua ses débuts en 1917. Van Hoorden était un ex-international qui gagna ses galons dans le football bruxellois avec le Racing Club de Bruxelles. Il guidera les Rouches à travers la période de guerre, en s’appuyant largement sur l’étoile montante que Maurice devint rapidement. Maurice Gillis était déroutant pour de nombreux défenseurs liégeois. Sous son impulsion, les Rouches ont progressivement commencé à sortir du trou dans lequel ils se sont retrouvés après la seule relégation de l’histoire du club. Magnifié par la guerre, le club était dans un malaise sportif et financier. Mais grace à une équipe jeune et soudée, composée entre autres de Maurice Gillis, Marcellin Waroux et René Dohet, les Rouches ont recommencé à devenir un redoutable adversaire.

Au début, cela a conduit à un titre de champion dans ce championnat provincial, mais la grande satisfaction est survenue après la guerre lorsque le championnat national a repris. C’est effectivement en 1921 que les Rouches accèdèrent à la première division. Un niveau qu’ils n’ont plus quitté depuis. Un record qui tient toujours à ce jour! L’équipe qui a obtenu la promotion a été construite autour de Gillis. Le Liégeois n’arrêtait pas de marquer et enregistrait, pour la première dans l’histoire du club, plus de 10 buts par saison. Une performance qu’aucun autre attaquant n’avait réalisé avant lui, et qui le couronne comme le premier véritable attaquant de l’histoire des Rouches. Il n’est donc pas surprenant que ce soient ses buts lors des matches décisifs à Malines et à Louvain qui ont assuré la promotion.

Son talent ne se limitait pas au Standard. À la reprise du championnat officiel, Maurice est également remarqué par l’entraîneur national et entama une carrière à part entière en tant qu’international belge à partir de 1922. “C’était le 7 mai 1922 contre la Hollande que j’ai fêté mes débuts. La Belgique allait s’imposer 1:2 et j’ai inscrit mon premier goal au service de l’équipe belge.” Il jouera un total de 23 matches pour les Diables Rouges, pour 8 buts marqués. Il faisait aussi partie de l’équipe nationale pendant les Jeux Olympiques d’été à Paris, en 1924.

Avec les Rouches, il rate le titre en D1 à deux reprises. En 1926 comme en 1928, le Standard devait se contenter du titre de vice-champion, à chaque fois derrière le Beerschot. En février 1928 le club était tout près de l’exploit quand Maurice eut la jambe brisée. Son absence provoqua une crise de confiance parmi ses coéquipiers et le Standard fut à nouveau deuxième. Quelques jouers plus tard, le Comité Exécutif décidait de lui accorder le titre de membre émérite.

L’accident le tint éoloigné pendant une longue période. Lors d’un match contre la Racing Club de Gand, de graves incidents éclatèrent. Maurice Gillis fut radié à vie pour la deuxième fois.  Grâce à son avocat, Oscar Vankesbeeck, plus tard président du Racing Club de Malines, la suspension fut ensuite ramenée à une saison. Après son retour  il jouera encore quelques matches avant d’arrêter sa carrière. Il s’était marié et très occupé il avait décidé de renoncer au football en 1930.

Cependant, son départ, et surtout les buts qu’ils marquaient, laissa un grand vide. Les Rouches passent très vite d’une lutte pour le titre à une lutte contre la relégation. Pour accompagner la nouvelle génération, Maurice accepte d’échanger son poste de membre du conseil d’administration du Standard après deux saisons pour rechausser ses crampons. Dans une position plus retirée, il ramène la jeune équipe, dont faisait partie le débutant Roger Petit, dans des eaux plus calmes, et il fut à l’origine de la carrière de son véritable successeur, Jean Capelle. Cela en fera le meilleur buteur de tous les temps pour le club liégeois.

Et surtout pour Maurice, ce sera le signal pour fêter son dernier adieu en 1935, après une carrière qui lui a permis de marquer 135 buts en 275 matchs. Cela fait de lui le 15e joueur en termes de matches de championnat joués dans l’histoire du Standard. Durant toute sa vie, Maurice Gillis aura été ‘un cas’. Quand il  avait  recommencé à jouer le Standard offrait une prime de victoire de 500 francs (12 euro). “Oui c’est vrai, mais je l’ai toujours refusée. Je jouais pour le plaisir!” Mais aussi sur le terrain il était fort présent. “J’ai eu plusieurs discussions houleuses avec l’arbitre Van Praag. Après avoir été  à la base de ma radiation contre Gand, il a tout fait pour se réconcilier. Je n’ai jamais accepté. Lors d’un match dirigé par lui, j’avais cédé mon brassard à un autre joueur. Dans un autre match il m’a donné un pénalty-cadeau. Pour marquer ma désapprobation, j’ai envoyé le ballon en direction du point de corner”. Tel était Maurice Gillis, bouillant, emporté, mais le coeur sur la main. Un vrai liégeois…

(c) Marc Coudijzer – Novembre 2020

09/12/1934 Standard - RC Malines 7-1 














Maurice Gillis, Jean Brichaut, Romain Massez, François Ledent, René Ledent 
Les buteurs : 4e François Ledent, 22e Jean Brichaut, 33e Romain Massez, 44e Romain Massez, 60e Romain Massez, 72e François Ledent, 77e Romain Massez