mercredi 23 décembre 2020

Denis HOUF

 Denis Houf est un joueur de football belge né le 16 février 1932 à Magnée  et décédé le 7 décembre 2012 à Liège



















André Riou était de loin le meilleur entraîneur que j’ai connu dans toute ma carrière. Il sent très bien le football et a également bien respecté la mentalité liégeoise. Le coach a compris l’art de canaliser notre enthousiasme et de le rentabiliser de manière optimale. Sur le plan tactique, tout s’est toujours bien passé et les malentendus ont été exclus. C’était des années fantastiques et, en 1954, nous avons remporté la Coupe, un moment inoubliable.

– Denis Houf

06/06/1954 finale Coupe de Belgique Standard - RC Malines 3-1



















De g à d : Toussaint Nicolay, Joseph Happart, Edgard Mathot, Sébastien Jacquemyns, Jean Jadot, Jean Mathonet, Denis Houf, Joseph Givard

Biographie :

La jeune génération ne peut pas avoir suivi l’admirable carrière de Denis Houf mais elle a peut-être entendu les anciens parler du gentleman-player de toute grande classe qui, jadis, a marqué à jamais la mémoire de centaines de milliers de fans, liégeois en particulier, et belges en général. Le souvenir de ce meneur de jeu d’une clairvoyance incomparable est impérissable.

Dépositaire du jeu tourbillonnant prôné par l’homme au béret, l’entraîneur toulousain André Riou, lequel conquit le premier titre de l’histoire des Rouches en 1954, puis de ses successeurs dont le Hongrois Geza Kalocsaï, Denis Houf dégageait une classe et une élégance à couper le souffle. Il est le premier joueur que nous avons vu ne presque jamais regarder un ballon qu’il conduisait entre les pieds avec une aisance et une habileté hors du commun.

Le buste droit comme un « i », Denis observait droit devant quels étaient ses partenaires démarqués. L’ouverture vers ses avants était son truc. On peut regretter qu’à l’époque, on ignorait ce qu’était une passe décisive puisque ce n’est qu’au cours des nineties que votre serviteur a introduit cette notion en Belgique en publiant un tout premier classement des assists… qui n’intéressait personne. Quel dommage, la lecture du jeu de Denis étant incomparable, il serait sans doute devenu un « King » dans ce registre particulier.

Nous avons eu cette chance unique de le suivre quatorze saisons durant à Sclessin (1950-64) mais nous avions manqué le tout premier match que ce gamin disputa en équipe fanion dès le 5 décembre 1948, il y a tout juste 70 ans (c’était hier), à l’âge de 16 ans et 10 mois !
Aux âmes bien nées,… dicton connu.  Pourtant cette première apparition parmi les « grands » lors d’un RC Malines – Standard ne fut pas vraiment une réussite puisqu’à cette occasion l’ado de Magnée essuya l’une des plus lourdes défaites de sa longue carrière, sur un score forfait. Qu’à cela ne tienne, Denis réintégra le clan des juniors pour peaufiner son apprentissage et revint en force au sein de l’équipe première lors de la saison 1950-51 pour ne plus la quitter. En tout cas jusqu’en 1964 après avoir porté haut la vareuse rouche à 355 reprises (105 goals) rien qu’en championnat de D1. En outre, il disputa onze rencontres de Coupe de Belgique (7 buts), seize en Coupe d’Europe des Clubs Champions, l’ancêtre de la Champions League (2 buts), huit en Coupe Rappan (0 but), sans compter 129 « amicaux » au cours desquels il fit mouche à 42 reprises. Soit des totaux de 519 matches et 156 buts pour le compte du RSCL.

Précisons que toutes ces infos chiffrées, nous les tenons de Mister Houf himselfle seul joueur qui nous ait jamais adressé une lettre de quatre pages (du 10 janvier 2000) retraçant par le menu toutes ses rencontres. Mieux, cet employé méticuleux de l’Espérance-Longdoz (le professionnalisme en Belgique date de 1974) nous a décrit les différents schémas de jeu sur lesquels il a évolué (WM, puis 4-2-4, puis 4-4-2) en précisant son numéro de maillot à chaque sortie ! Incroyable, Houf doit être l’unique joueur-statisticien du pays.

Ainsi, savons-nous qu’au Standard, rien qu’en championnat, il a porté 137 fois le numéro 10 (intérieur gauche), 132 fois le n° (intérieur droit), 50 fois le 6 (demi gauche), 32 fois le (demi droit), 2 fois le (extérieur droit), 1 fois le 5 (demi-centre) et une fois le 9 (avant-centre). Non, cet élément d’une rare polyvalence n’a jamais pris place entre les perches ! Trois cent cinquante-cinq matches, le compte est bon. Et ce n’est pas tout ! Dans ce document manuscrit du 10 janvier 2000 qui en Angleterre vaudrait une petite fortune, Denis nous repasse les plats pour ce qui concerne ses matches européens, ses 26 sélections avec les Diables Rouges et ceux sous les couleurs Sang & Marine en fin de carrière !

Présentant l’énorme désavantage de ne pas évoluer à Anderlecht, Denis ne fut capé qu’à 26 reprises en équipe nationale. Honnêtement, il aurait dû en compter le double. Sa première sélection, le 17 juin 1954 à Bâle en phase finale de la Ve Coupe du Monde fut un événement mémorable sur lequel on ne s’est pas suffisamment attardé. Alors que l’on nous ressasse cette Médaille d’Or Olympique de 1920, conquise à Anvers lors d’une finale tronquée puisque, dégoûtés par la partialité d’un home referee, l’équipe de Tchécoslovaquie quitta définitivement le terrain dès la 39eminute… on évoque plus rarement cette superbe performance des Diables en Coupe du Monde 1954 lorsqu’ils tinrent en échec la grande équipe d’Angleterre sur un score improbable de 4-4 après prolongations, marquée par la joyeuse et prometteuse entrée du jeune Standardman de 22 ans. Cette rencontre fut le premier et le meilleur souvenir du Liégeois en équipe nationale. Débuter chez les Diables face à des véritables icônes du foot mondial de l’époque, tels Matthews, Lofthouse, Finney, et autre Wright, cela n’a rien d’ordinaire. Les anciens en comprendront aisément la raison.

Technique :
5e Coupe du Monde (Jules Rimet) – Phase finale en Suisse.  Groupe IV
Angleterre – Belgique 4-4
, après prolongations (2-1, 3-3)
17 juin 1954, Basel, Sankt Jakob Stadion
Arbitre : M. Emil Schmetzer (RFA)
Assistance : 14.000 spectateurs

ANGLETERRE : «Gil» H. Merrick (Birmingham City) ; «Ron» Staniforth (Huddersfield Town), «Syd» W. Owen (Luton Town) ; Roger W. Byrne (Manchester United), William «Billy» A. Wright (capt-Wolverhampton Wanderers), «Jimmy» W. Dickinson (Portsmouth FC) ; Stanley Matthews (Blackpool FC), Ivor A. Broadis (Newcastle United), «Nat» Lofthouse (Bolton Wanderers), «Tommy» Taylor (Manchester United), «Tom» Finney (Preston North End). Manager : Walter Winterbottom

BELGIQUE : Leopold Gernaey (AS Oostende/8/2) ; Marcel Dries (Berchem Sport/8/3), Louis Carré (FC Liégeois/42/5), «Fons» Van Brandt (Liersche SK/20/5) ; «Stan» Huysmans (Beerschot AC/6/1), «Vic» Mees (Antwerp FC/35/4) ; «Jef» Mermans (capt-SC Anderlechtois/46/2), «Pol» Anoul (FC Liégeois/46/5), «Rik» Coppens (Beerschot AC/27/5), Denis HOUF (Standard CL/1), Pierre «Jeng» Vandenbossche (SC Anderlechtois/1). Entraîneur : Dougall «Duggie» Livingstone (Eco/9/3)
Le second chiffre entre parenthèses désigne le nombre de sélections de l’intéressé en Coupe du Monde.

BUTS : 5eAnoul (0-1) ; 25eBroadis (1-1) ; 37eLofthouse (2-1) ; 62eBroadis (3-1) ; 74eAnoul (3-2) ; 77eR. Coppens (3-3) ; 91eLofthouse (4-3) ; 93eDickinson (csc, 4-4)

A côté de ce merveilleux souvenir d’envergure mondiale, il en est un qui l’est beaucoup moins. Déjà monté deux fois sur le podium (2een 1956 et 3een 1958) du « Soulier d’Or », Denis reste le vainqueur moral de l’édition 1961 du Trophée individuel le plus convoité du royaume. Cette année-là, il échoua à la 2eplace à deux points de Paul Van Himst. Il apprit quatre années plus tard que Guillaume Raskin, son néo-équipier du Standard, avait voté pour lui en 1961 mais avait oublié de poster sa réponse. Sans quoi, le Liégeois en aurait été le lauréat !

32 ans accomplis, Houf avait encore faim. Courtisé par le staff voisin de Rocourt, il reçut le feu vert de Roger Petit et alla terminer sa carrière à l’Old Club, l’ennemi juré.  Ils ne sont guère nombreux ceux qui, à cette belle époque, passaient allègrement de Sclessin à Rocourt. On les compte sur les doigts d’une main (Nico Dewalque, par exemple) alors que le trajet dans le sens inverse était un peu plus fréquent (Anoul, Wégria, Depireux, Lecloux, etc…). A cet égard, Denis Houf constitue une exception, accueilli bras ouverts par les fans du FC Liégeois il était applaudi par ceux des Rouches lorsqu’il venait jouer contre son ex-club à Sclessin. Un cas unique en son genre. Jamais personne n’a songé à contester la décision de cet homme d’une rare honnêteté qui nous a quittés le 8 décembre 2012.

Denis avait 80 ans.

© Marc Coudijzer

Carrière :
20/08/1943- 30/06/1964 Standard 519 matchs/156 buts toutes compétitions confondues
1964-1968 FC Liège

Palmarès :
1954 : Vainqueur de la coupe de Belgique avec le Standard
1958, 1961, 1963 : Champion de Belgique avec le Standard
1962 : Vice champion de Belgique avec le Standard
Sélections internationales : 26 matchs/ 5 buts

1951 Denis Houf - Guy Thys



















1955




















24/05/1959 Belgique - Autriche 0-2, Denis Houf serrant la main du prince Alexandre de Belgique1961






















1964 Denis Houf - Henri Thellin












Denis Houf - Roger Claessen














































1990 Jean Nicolay, Jean Mathonet, André Piters, ?, Denis Houf, ?